Walter Crane Orson and Valentine

Il était une fois un Empereur d'Orient, puissant et célèbre, qui épousa une femme de toute beauté, qui s'appelait Bellisant ; ils vécurent des jours heureux, jusqu'au moment où un méchant homme, l'archevêque de la Cour, se mit à répandre des bruits, comme quoi la dame était infidèle envers son cher époux : l'Empereur prêta crédit à la rumeur et fut pris d'une grande colère ; il chassa la pauvre Bellisant ; en hâte et terrible malchance, elle se mit en route pour la Cour du Roi de France, Pépin son frère.

Alors qu'elle accouche, submergée par le désespoir et le cruel mépris dont elle était victime, voilà qu'en pleine forêt vinrent au monde les deux superbes fils de Bellisant. Son écuyer partit acheter des provisions, quand une ourse énorme s'approcha, s'empara d'un des jumeaux et l'emporta jusqu'à sa tanière. La pauvre Bellisant se lança à sa poursuite en pleurant et en gémissant ; en vain ; et à son retour, le second bébé avait disparu !

C'est que le roi Pépin ce jour-là chassait avec toute sa troupe justement dans cette forêt-là et qu'il avait trouvé l'enfant avant le retour de la mère ; il l'emmena à la Cour, l'éleva et lui offrit le meilleur en tout – vêtements, chevaux, et lui donna même un nom, ce fut VALENTIN. Valentin devint un homme fort et courageux, la fille du Roi Pépin l'aimait bien ; ses fils le jalousaient. Je vais maintenant vous conter l'histoire de son frère.

L'ourse et ses petits oursons sauvages, hé bien ils sauvèrent le bébé, ils l'élevèrent bien et s'en occupèrent, - il grandit et apprit à survivre. Ils l'appelèrent OURSON ; il vécut en pleine forêt et devint un sauvage plein de force. Il savait se battre et tuait tous ses ennemis ; si bien qu'un plan horrible émergea dans la tête des fils de Pépin afin de se débarrasser de Valentin. Ils le poussèrent à engager le combat, à force d'insinuations et de flatteries. Mais Valentin en sortit vainqueur et Ourson lui voua allégeance ; il entra à son service et le suivit en tout lieu, comme écuyer de son chevalier.

Or dans ce pays vivait un homme nommé le Chevalier Vert, qui par sa force et sa magie avait ensorcelé une belle dame, l'avait enfermée dans une prison sombre et solide et personne n'avait réussi à la libérer ; ni même Valentin n'en était venu à bout malgré tout son courage.

Mais Ourson réussit à l'abattre, à l'attacher à une chaîne, et à libérer la dame ; les deux frères se mirent alors en route pour atteindre les grilles du château du Chevalier Vert – gardé par deux lions rugissant qui, subjugués par l'absence de peur chez les deux frères, s'aplatirent à leurs pieds.

Et alors, à l'entrée de la cour du château ils virent une immense tête d'airain, qui se mit à prononcer de merveilleuses paroles – sur leur origine et leur naissance, sur le couvent isolé où leur mère Bellisant s'était réfugiée, sur le Roi et la Reine de France qui étaient en fait leur oncle et leur tante, sur l'Archevêque qui avait avoué ses mensonges, en pleurant et en se repentant, sur l'Empereur, leur père, parti à la recherche de son épouse et de ses fils. Et c'est ainsi que les perdus furent retrouvés et que le mal fut réparé, conformément au bon déroulement des choses. Ils firent de bons mariages et vécurent longtemps, Ourson et Valentin.

D'après le livre-jouet de Walter Crane. Tapuscrit et traduction disponibles sur http://libre.pedagosite.net/voir_doc.php?DOC=311. Sources : Baldwin Library et Projet Gutenberg.

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Auteur (images): Walter Crane
Auteur (bande son): Annie Lesca
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