Crane Beauty and the Beast

Il était une fois un riche marchand qui connut des revers de fortune et dut se retirer dans une maisonnette avec ses trois filles ; Les deux aînées en furent très mécontentes, mais la plus jeune, qui portait le nom de Beauté, essaya de réconforter son père et de le rendre heureux. Un jour, il partit en voyage pour essayer de refaire fortune et ses filles vinrent lui dire au-revoir. Les deux aînées lui dirent de leur rapporter de beaux cadeaux à son retour, mais Beauté lui demanda simplement de lui rapporter une rose. Sur le chemin du retour, il vit de belles roses et, pensant à sa fille, il arracha la plus belle d'entre elles. A peine l'avait-il cueillie qu'il vit un monstre abominable brandissant une arme mortelle. La terrible créature lui demanda comment il osait toucher ses fleurs et le menaça de mort. Le Marchand lui répondit qu'il n'avait pris cette rose que pour satisfaire sa fille qui l'avait supplié d'en rapporter une. A ces mots, la Bête lui répondit d'un ton bourru : « Bon, je vous laisse la vie sauve, à condition que vous me rapportiez une de vos filles pour mourir à votre place. Elle devra venir de son plein gré sinon je n'en voudrai pas.

Vous pouvez rester vous reposer dans mon château jusqu'à demain. » Malgré l'excellent dîner qui lui fut servi, le Marchand ne put rien manger ; et ne put dormir non plus malgré tout le confort qui lui fut offert. Le lendemain, il repartit à cheval, sur un bel animal fourni par la Bête. Quand il arriva chez lui, ses enfants se précipitèrent pour l'accueillir. Mais en voyant son air affligé et ses yeux pleins de larmes, ils lui demandèrent ce qui se passait. Il offrit la rose à Beauté et lui raconta tout. Les deux aînées firent retomber tout le blâme sur Beauté ; alors que ses fils, qui avaient traversé la forêt pour le retrouver, déclarèrent qu'ils iraient à sa place chez le monstre. Mais Beauté répondit qu'elle était cause de son malheur et qu'elle seule devait en supporter les conséquences et qu'elle était prête à y aller. Malgré les supplications de ses frères qui l'aimaient tendrement, elle prit la route avec son père, à la grande (mais secrète) joie de ses deux envieuses de sœurs.Quand ils atteignirent le palais, les portes s'ouvrirent toutes seules ; de la belle musique se fit entendre et ils entrèrent dans une salle où le souper était servi. A la fin du repas, le Monstre entra et leur dit d'une voix attendrie : « Beauté, êtes-vous ici de votre plein gré pour mourir à la place de votre père ? » « De mon plein gré » répondit-elle d'une voix tremblante. « Heureusement pour vous, » lui dit le Monstre ;

« votre père peut rester ce soir mais devra rentrer chez lui demain matin. » Au moment de se séparer, Beauté essaya de consoler son père, en lui disant qu'elle allait attendrir le monstre pour qu'il finisse par la laisser rentrer à la maison. Après son départ, elle regagna son appartement sur la porte duquel était écrit en lettres d'or « Chambre de Beauté » ; et posé sur la table se trouvait un portrait d'elles au-dessous duquel était écrit : « Beauté est Reine de ces lieux ; toute chose lui obéira. » Ses repas lui étaient toujours servis en musique et le soir, au moment du dîner, le monstre écartait les rideaux, entrait et bavardait avec elle si agréablement qu'elle se départit rapidement d'une grande partie de sa frayeur à son égard. A la fin, il se tournait vers elle en lui demandant : « Suis-je vraiment laid ? » « Oh oui, vraiment, » répondait Beauté, « mais vous êtes si gentil que cela m'est égal. » « Alors, voulez-vous m'épouser ? » demandait-il. Beauté, détournant le regard, répondait « Je vous en prie, ne me demandez pas ça ! » Alors il lui souhaitait tristement « Bonne nuit ! » et elle se retirait dans ses appartements. Le palais était rempli de galeries et d'appartements qui regorgeaient de superbes œuvres d'art. Dans une salle se trouvaient une cage avec des oiseaux rares. Près de là elle aperçut toute une troupe de singes de toute taille. Ils s'approchèrent pour la saluer en faisant de profondes révérences.

Bien que Beauté ait tout ce qu'elle désirait, elle n'était pas heureuse car elle n'arrivait pas à oublier son père, ses frères et ses sœurs. Finalement, un soir, elle supplia le Monstre avec tellement d'insistance de la laisser rentrer chez elle, qu'il accepta à condition de ne pas rester absente plus de deux mois. Il lui donna une bague et lui dit de la poser sur sa table de chevet chaque fois qu'elle voudrait partir ou revenir. Puis il lui montra où elle pouvait trouver une garde-robe pour son séjour et des cadeaux pour sa famille.

Le pauvre monstre était plus triste que jamais. Elle essaya de le consoler en lui disant : « Beauté reviendra vite, » mais rien n'y faisait. Elle se retira dans sa chambre et avant de se coucher elle prit soin de place la bague sur sa table de chevet. Quand elle se réveilla le lendemain matin, quelle ne fut sa joie en se retrouvant chez son père, avec les cadeaux et les vêtements du palais près de son lit. Au début, elle se demanda où elle se trouvait mais en entendant la voix de son père, elle se précipita hors de la chambre et jeta ses bras autour de son cou. Père et fille avaient beaucoup à se dire. Beauté raconta tout ce qui lui était arrivé au palais. Quant à son père, enrichi par les libéralités du monstre, il avait déménagé et habitait maintenant dans une très grande ville, et ses deux sœurs s'étaient fiancées à des jeunes gens de bonne famille. Après quelques semaines en famille, Beauté comprit que ses sœurs, secrètement jalouses de sa bonne fortune, continuaient à la considérer comme une rivale et à la traiter avec froideur. De plus, elle se souvenait de sa promesse au monstre et décida de retourner auprès de lui. Mais son père et ses frères la supplièrent de rester un ou deux jours de plus et elle ne put résister à leurs prières.Mais une nuit, elle fit un rêve : le pauvre monstre était allongé, mort, dans le jardin du palais.

Elle se réveilla, terrorisée, attrapa la bague, la posa sur sa table et le lendemain matin elle était de retour au Palais. Mais impossible de trouver le monstre. Finalement elle se précipita au jardin vers le lieu de son cauchemar et là, bien sûr, par terre, allongé sur le dos, gisait le pauvre monstre, inanimé. A cette vue, Beauté éclata en sanglots, se reprochant d'être responsable de sa mort. Elle courut à une fontaine proche et lui aspergea la tête d'eau. Le monstre ouvrit les yeux et dès qu'il peut parler lui dit désespéré : « Maintenant que j'ai pu vous revoir une fois, je meurs content. » « Non, non ! » s'écria-t-elle « Vous ne devez pas mourir ! Vivez pour devenir mon mari et Beauté sera votre fidèle épouse ! » À peine avait-elle prononcé ces mots qu'une lueur éblouissante se répandit tout autour d'eux ; les fenêtres du palais s'illuminèrent, de la musique jaillit de partout et à son profond émerveillement, un Prince, jeune et beau, se tenait ses côtés. Il lui dit que ses paroles avaient brisé la malédiction d'un magicien qui l'avait condamné à prendre la forme d'un monstre jusqu'à ce qu'une belle jeune fille l'aime en dépit de sa laideur. Reconnaissant, le Prince demanda Beauté en mariage. Le Marchand fut bien vite informé de la bonne fortune de sa fille et le Prince épousa Beauté le lendemain.

Ce conte traditionnel a été adapté pour les enfants et illustré par Walter Crane en 1874 ; La traduction en français est d'Annie Lesca.

Crane_Beauty_and_the_Beast
Auteur (images): Walter Crane, 1874
Auteur (bande son): Annie Lesca
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