Cauchemar a Aureilhan

L'abbé Lambert desservant d'Aureilhan dans les landes était le curé le plus heureux de la création ecclésiastique. Venu de Lille au pays des pignadas, il ne demandait qu'à y mourir en paix et le plus tard possible au milieu de paroissiens qui l'adoraient. Il était un peu poète, aussi fut-il tout de suite séduit par la sauvage beauté de l'étang

sur les bords duquel le duc de Westminster avait construit un somptueux rendez-vous de chasse aux sangliers.

Il aimait sa vieille église entourée d'un cimetière qui semblait être le jardin du bon Dieu. Les tombes fleuries allaient en pente douce et semblaient sortir des roseaux, des nénuphars et des iris jaunes de l'étang.

Il aimait son presbytère avec ses poutres apparentes sur des murs en torchis, et les herbes folles qui envahissaient le jardin, au-dessus duquel de beaux tilleuls étendaient leur ombre rafraîchissante.

Ce n'est qu'après avoir consolidé et agrandi la maison du bon Dieu, qu'il songea à embellir son presbytère que l'insouciance de son prédécesseur avait laissé tomber en ruines.

Il mit des tapisseries neuves à la place de celles qui pendaient lamentablement sur les murs rongés par l'humidité. Avec ses économies, il s'était offert un lit de cuivre, une salle à manger en chêne et un cabinet de travail avec ces confortables fauteuils anglais si favorables à la sieste en été et aux béates méditations hivernales. Il s'était abonné à plusieurs périodiques en vogue et toutes les nouveautés littéraires meublaient les rayons de sa bibliothèque.

Il avait pris à son service une ancienne résinière qui cumulait ses fonctions de cordon bleu avec celles de sacristine et de chaisière. Décembrine, on l'appelait ainsi, selon la coutume landaise, parce qu'elle était née au mois de Décembre, était renommée dans toutes les Landes, du Marensin à la Chalosse, aussi grâce à elle les réceptions du curé d'Aureilhan étaient légendaires dans tous les presbytères Landais. Décembrine se vantait d'avoir donné la goutte à plus d'un de ces « Messieurs Prêtres » du canton. Il n'y avait pas de pauvres à Aureilhan, le richissime Duc de Westminster, bien que de religion Anglicane, ayant fait promettre à l'abbé Lambert d'avoir recours à lui pour l'entretien du culte et les soins à donner aux indigents et aux malades.

Dans ses moments de loisir, le curé allait à la chasse ou à la pêche, Aureilhan étant le paradis des chasseurs et des pêcheurs. Il avait deux chiens d'arrêt pour la bécasse et une tonne confortablement installée dans les roseaux de l'étang pour la chasse aux canards, biganons, sarcelles, poules d'eau et bernaches. Il pêchait sur l'étang à la cuillère et à la garolle sur l'Océan, qui n'était qu'à trois kilomètres de sa paroisse.

Le bon abbé pouvait écrire, avec vérité, à un de ses condisciples de séminaire qui venait d'être nommé vicaire général de Lille : « Je suis le desservant de la plus petite paroisse de mon diocèse d'adoption, mais je suis le plus heureux des mortels dans ma divine solitude landaise. Il y a des moments où j'ai peur d'être trop heureux. » GUY DE PIERREFEUX, Le Bidaoü, 15 Décembre 1929

Voici où trouver la suite de ce conte de Noël, le texte complet, des informations sur l'auteur et surtout l'histoire d'Aureilhan et de ses environs.

Cauchemar_a_Aureilhan
Auteur (images): Annie Lesca et Valérie Seigne
Auteur (bande son): Annie Lesca
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