SOS

Ce matin-là, le silence hivernal était à peine troublé par le claquement des premières feuilles qui se dépliaient une à une dans les arbres. Le jour de la Chandeleur, de nombreux animaux avaient pointé le nez hors de leur cachette, mais, en voyant leur ombre immense projetée sur la neige par le soleil, ils avaient tous pris peur et s'étaient vite rendormis pour quarante jours, comme le veut la coutume du jour des marmottes. Seulement voilà, leurs réserves étaient maintenant épuisées, le temps d'émerger et d'affronter le dégel était venu.

Nourse et son fils, encore flageolant de sommeil, sortirent pesamment de leur tanière à la recherche des lichens qui leur permettraient de refaire un peu leurs forces. Nourse grattait les troncs de ses griffes puissantes pour nourrir son benjamin, qui découvrait avec inquiétude, pour la première fois, le mois de mars,  les ravages laissés par les tempêtes hivernales, les arbres décapités... Mais au bout du chemin, une mauvaise surprise les attendait : le petit ravin du torrent où ils pêchaient des truites l'an dernier s'était transformé en un large précipice ; plus question pour elle de sauter avec l'ourson sur son dos.

Nourson, terrorisé, refusa de s'aventurer sur ce pont improvisé ; il attendit que sa mère lui montre le chemin et fasse basculer l'arbre en direction de l'autre rive. La perspective de cette escalade au-dessus du vide ne l'attirait vraiment pas. Posant prudemment ses pattes dans les traces de sa mère, il avança alors pas à pas sur le tronc en essayant de regarder droit devant lui. Nourse l'encourageait de ses petits grognements. Le silence était impressionnant, uniquement troublé par le craquement sourd de blocs de glace qui se détachaient le long des pentes et s'écrasaient en contrebas ; on aurait dit que toute la montagne avait suspendu son souffle et vibrait au rythme de l'affolement du pouls du petit ours.

Hélas, quand Nourse arriva à l'extrémité de l'arbre, trop fin pour soutenir son poids et qu'elle sauta d'un bond puissant sur l'autre rive, Nourson fut catapulté en arrière tel un boulet de canon ; incapable de s'aggriper au tronc, il rebondit en atterrissant brutalement et se retrouva à son point de départ.

Sain et sauf, mais seul ! Désespéré, il fondit en larmes sous l'oeil penaud de sa mère, impuissante. (Sur un scénario de Benjamin Rabier, "Mauvais calcul".)

SOS
Auteur (images): Cyri-L, 2013
Auteur (bande son): Cyri-L et Annie
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