Aux Gres de Gascogne
Nous arrivons à Haureuils au moment de la sortie du four : une palette chargée de pavés beiges est délicatement tirée à l'air libre après cuisson et refroidissement.
Une autre palette, grise celle-là, est prête à prendre sa place, un système de double chariot permet de la « glisser » en douceur, sans casse, à l'intérieur du four, au centimètre près.
Le contraste est frappant entre la puissance des efforts à fournir pour ces opérations et la délicatesse des manipulations.
Ça y est le four est plein, l'air pourra circuler à l'intérieur au moment de la chauffe et du refroidissement.
Pendant qu'un employé s'active à colmater les fuites éventuelles au moment de la fermeture de la porte, le patron est à son tableau de bord tel un pilote d'avion de ligne, réglant le minutage des opérations qui font faire le succès de la cuisson : 27 heures, 1180°, 48 heures.
C'est que le temps est important : les commandes sont à honorer, les pavés suivants attendent leur tour. Nous mesurons la chance que nous avons d'assister à ces opérations en direct.
Dehors aussi, l'argile brute est prête, protégée des intempéries et du soleil : une pelle sert à l'extraction dans la mine à ciel ouvert à 500 mètres de là ; un camion sert au transport et un chargeur sert au transfert de l'argile jusqu'au hangar proche.
Voici le hangar où a lieu la transformation de l'argile brute en un matériau malléable : dessication partielle, éclatement des blocs, passage par la trémie. Nous sommes stupéfaites de la qualité de la matière première, de son homogénéité. Nous nous promettons de revenir pour assister aux étapes suivantes de la préparation.
Le résultat est là, des pavements aux couleurs chaudes et calmes, qui donnent envie aux citadins que nous sommes tous devenus de prendre le temps de marcher dans la ville.
Les pavés cuits sont stockés, numérotés, protégés en attendant le départ pour la livraison. Tout est prévu pour qu'il n'y ait pas la moindre éraflure pendant le transport et les manutentions.
Une étagère attire notre attention, la beauté des formes dans leur simplicité nous étonne. Sans amertume déplacée, consciente des lois du marché, notre guide ne s'appesantit pas sur un passé pas si lointain que ça.
Décidément, encore une halte inattendue : que font ici ces objets en bois ? Ce sont des fourches qui servaient à soulever les pièces découpées pour les placer délicatement sur des claies, sortes de palettes à claire-voie empilées les unes sur les autres pour éliminer le maximum d’eau avant cuisson.
Et notre surprise continue dans la grande pièce aménagée pour l'accueil, non nous ne sommes pas dans un musée mais tout nous parle d'un passé respecté : rendez-vous pour en apprendre plus, ce week-end au Barp, quartier d'Haureuils pour ces premières Journées Européennes des Métiers d'Art. Mr et Mme Dubourg ouvrent leur atelier pour les amateurs d'art et d'artisanat de 9 à 18 h et fabriqueront pour nous... des pots à résine.
Parce que aux Grès de Gascogne, « Mémoire technique » n'est pas un vain mot, c'est une pratique au quotidien, qui n'exclut d'ailleurs nullement, et loin de là, le goût de l'innovation, le respect de l'environnement et le sens de l'équilibre économique.
Aux_Gres_de_Gascogne
Auteur (images): Marie-Hélène Vadrot, 2 avril 2013
Auteur (bande son): Annie Lesca
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Ce diaporama a été produit à l'aide du logiciel Raconte-Moi d'AbulÉdu et utilise le travail de Atul Varma (sous licence cc-by) pour la partie web.