sylvanus-a-burdigala

Burdigala est en vue ! Enfin ! Sylvanus a tellement entendu parler du célèbre emporium et de ses marchandises venant de tout l’Empire et même de chez les barbares ! Il lui tarde de débarquer. En attendant, il compte les tours du rempart et cherche la porte Navigère par laquelle ils vont pénétrer dans le port ; tiens, voilà la statue d’Hercule qui accueille les navigateurs et veille sur la ville. Mais au fait, pourquoi attendre ? Quand Sylvanus a posé cette question au pilote, il lui a répondu qu’il fallait jeter l’ancre et attendre la marée haute. Ça y est, il sent que son bateau tire sur l’ancre. La voilà donc, cette marée montante qui aspire le navire vers l'amont ! Sylvanus s’accroche instinctivement au bastingage puis le relâche en croisant le regard moqueur du pilote. Un soldat romain, ça n’a peur de rien. Romanus miles nihil timet !

Enfin à quai ! Sylvanus tangue en mettant pied à terre. Prudemment, il s’écarte du bord de la Devèze. Il essaie d’éviter les bousculades : on dirait une véritable foire en plein air. Marins et débardeurs s’agitent, la pleine mer ne va pas durer longtemps, il faut se hâter. Tempus fugit. Les uns déchargent des amphores d’huile et de vin de Campanie et les transportent jusqu’aux entrepôts, d’autres embarquent la précieuse colophane landaise dans des tonneaux gaulois. Burdigala mérite bien sa réputation d’emporium international. Sylvanus est attiré par un attroupement provoqué par les rugissements des bêtes fauves transportées de Numidie pour les prochains jeux du cirque. Les cages ont été déposées en attendant leur transfert au Palais Gallien. Lions et tigres bondissent contre les barreaux, affolés par les bruits, les odeurs et la proximité des humains. Sylvanus emprunte une passerelle et passe sur la rive gauche pour aller chercher de quoi manger.

Toujours pas de taverne pour se restaurer et gouter aux spécialités de charcuteries gauloises ! La remontée à pied depuis la Garumna en direction du soleil couchant, le long du decumanus, est décevante : les rues sont petites et populaires, bordées d’échoppes. Deux caniveaux servant d’égout à ciel ouvert charrient de part et d’autre des ruelles les ordures nauséabondes. Il se décide à acheter un pain frotté à l’ail avec un morceau de fromage de brebis pour calmer ses crampes d’estomac et s’assoit sur un banc en pierre, dos au soleil, pour le manger. Bene sapiat ! À l’angle du cardo et du decumanus, un agrimensor et son assistant portent une groma et des fils à plomb : ils sont en train de préparer le quadrillage des terrains qui seront offerts aux soldats romains qui vont prendre leur retraite. Ils vont sûrement y planter des vignes.

Sylvanus est surpris par le va-et-vient de brouettes charriant des blocs de pierre en calcaire bien taillés qui ont été déposés sur la rive et doivent provenir d’une carrière de la rive droite. Il suit le convoi, en direction de l’étoile polaire, tout en haut de la colline qui domine Burdigala. Les maçons déposent leurs blocs au pied des marches monumentales du célèbre forum ! De nombreux dignitaires en toge descendent le perron des vingt-et-une marches en discutant, probablement après une réunion politique. Sylvanus est silencieux et tétanisé, face au monument gigantesque à ciel ouvert dont il avait aperçu les blanches colonnades régulières depuis son navire, ce matin. Il sent pousser en lui une bouffée d’orgueil à la pensée qu’il fait partie de l’empire romain et qu’ici, comme en Italie ou en Hispanie, le culte impérial a donné naissance à de telles prouesses. Magna et mirabilia urbis sunt opera tua !

Tout le long du fossé protecteur qui isole la ville fermée, l’imposante muraille du castrum dresse son alignement régulier. Parmi les blocs de fondation du rempart, il découvre de nombreuses stèles funéraires qui ont été réemployées. Il essaie de déchiffrer les inscriptions : AMABILIS qui tient en main ses outils de sculpteur, DOMITIA et sa couronne de cheveux tressés. Tous ces personnages qui ont eu leur tombe dans la nécropole au sortir de la ville et qui se retrouvent emmêlés les uns aux autres, dans tous les sens, sans aucun respect. Sylvanus, pensif, continue d’avancer, tête baissée. -- "Ave, miles ! Ut vales ? Quo vadis ?" Sylvanus sursaute en entendant un soldat qui l’interpelle en latin depuis le rempart. -- "Si tu veux rentrer dans la ville, il faut continuer le tour du rempart jusqu’au temple de Jupiter et la Porta Jovis". -- "Gratias maximas ! Salve !"

Sylvanus décide donc de longer le fossé en direction du soleil couchant, pour aller jusqu'à la célèbre fontaine de la Divone que chante avec lyrisme le poète Ausone : Dirai-je ta fontaine et ses eaux bienfaisantes, De leur prison de marbre à grand bruit jaillissant, Qui par douze canaux fuyant de leur bassin Vont porter la fraicheur et la vie... ?

Sylvanus reprend la route, à rebours : sa première journée à Burdigala, avec la complicité de Thomas, Claire et Annie. Et merci Fanny...

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