pommier-de-robert

Voici une vieille vieille histoire, qui est arrivée à un petit garçon il y a plus de cent ans. Peut-être qu'elle va vous rappeler quelquechose ?

Ce petit garçon s'appelle Robert. Il vient d'annoncer à son oncle qu'il a eu le premier prix à l'école. – Demande-moi tout ce que tu voudras, lui dit son oncle, je te le donnerai. Robert aimait beaucoup les pommes. – Eh bien, mon oncle, s'écria Robert, donne-moi le gros pommier. – Le gros pommier, dit l'oncle très-étonné ? Qu'est-ce que tu veux en faire ? – Je veux le manger, répondit Robert. L'oncle avait promis, il s'exécuta. – Le pommier est à toi, mais n'abuse pas de ton cadeau. Monsieur Robert alla tout de suite prendre possession de son pommier.

Les pommes n'étaient pas mûres. Monsieur Robert se dit : – Ça ne fait rien, des pommes à soi c'est toujours bon. L'une après l'autre, il en mangea vingt-deux ! mais il fut obligé de se contenter de regarder la vingt-troisième. De plus, il ne se sentait pas à son aise. Le ventre de Robert était si gonflé que, ne pouvant plus bouger, le petit glouton fut obligé de renoncer à jouer avec ses cousins et ses cousines. Assis par terre, au pied de son arbre, il eut le temps de réfléchir au danger qu'il y a à manger vingt-deux pommes entre ses repas.

Monsieur Robert se traina jusqu'à son lit, le cœur très-gros. Une fois couché, il s'endormit d'un sommeil qui n'était pas agréable. Dans la nuit il fit un rêve affreux. Une pomme gigantesque plus grosse et plus lourde qu'une citrouille pesait sur son estomac. Sur la pomme était un petit diable moqueur, laid comme un clown anglais, et dans la pomme d'autres petits diables qui lui disaient : – Mangeur de pommes, mange donc celle-là... Robert étouffait et cependant il ne pouvait s'éveiller.

Le lendemain, quand le jour fut venu, Robert avait une si grosse fièvre qu'on envoya chercher le médecin. – Les indigestions de fuits verts sont terribles, lui dit ne docteur en lui montrant la pomme qu'il n'avait pu achever. Il ordonna à Monsieur Robert une forte médecine.

Il n'y a pas à dire, il faut l'avaler. Robert est si malade que pour ne plus l'être, il en avalerait dix mille s'il le fallait. Je crois que Suzon, la servante de son oncle, rit un peu de la mine piteuse de maitre Robert, pendant que, cuillerée à cuillerée, elle lui met sa médecine dans la bouche.

Ce n'est pas tout. Après la médecine vient l'eau chaude ; trois bouillottes pleines, pas une de moins, mais il faut bien guérir. Peu à peu, à force de patience de la part de Suzon et de courage du côté de Robert, les trois bouillottes se vident. La médecine, aidée de l'eau chaude, amena une transpiration si abondante que...

... quand Monsieur Robert, enfin convalescent put faire sa première sortie au jardin, il était méconnaissable ; on eût dit qu'il avait fondu. Ses habits lui étaient trop larges et ses jambes ressemblaient à des pincettes. – Pauvre Robert !

Robert est remis tout à fait. Les pommes ont mûri ; il a fait abandon à ses cousins et à ses cousines de la récolte de son pommier. – Mangez-en, dit-il, mais pas plus de deux par jour. Pour ce qui le concerne, il se contente d'en ôter la pelure pour les plus petits. Je n'ai pas besoin d'ajouter que Robert est dégoûté des pommes pour longtemps et qu'il ne s'est pas fait prier pour rendre le pommier à son oncle.

C'était un des nombreux albums du Magasin d'éducation et de récréation édités par Hetzel. Sous le nom de plume de Stahl, il a publié de courts récits empruntés à la vie quotidienne des enfants de son entourage, pour instruire en faisant rire ou sourire, grâce à son illustrateur favori, le danois Lorenz Froelich. Cet album du domaine public a été numérisé par Gallica. Enregistrement sonore et mise en page als33120 en cc-by-sa le 2 juillet2016.

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