Crane The hind in the wood

Un conte de Mme d'Aulnoy, « La biche au bois », illustré par Walter Crane « The hind in the wood ». (Thanks to the « scriptorium » of the Font Club)

La reine ravie, les remerciait mille et mille fois des faveurs qu'elles venaient de faire à la petite princesse, lorsque l'on vit entrer dans la chambre une si grosse écrevisse, que la porte fut à peine assez large pour qu'elle pût passer : « Ha! trop ingrate reine, dit l'Écrevisse, vous n'avez donc pas daigné vous souvenir de moi » ? Est-il possible que vous ayez si tôt oublié la fée de la Fontaine, et les bons offices que je vous ai rendus en vous menant chez mes sœurs ? Quoi vous les avez toutes appelées, je suis la seule que vous négligez : il est certain que j'en avais un pressentiment, et c'est ce qui m'obligea de prendre la figure d'une Ecrevisse, lorsque je vous parlai la première fois, voulant marquer par là que votre amitié au lieu d'avancer reculerait.»

La prophétie

Trois coups de baguette commencèrent et finirent ce grand édifice : il était de marbre blanc et vert par dehors, les plafonds et les planchers de diamants et d'émeraudes, qui formaient des fleurs, des oiseaux et mille choses agréables. Tout était tapissé de velours de différentes couleurs, brodé de la main des fées ; et comme elles étaient savantes dans l'Histoire, elles s'étaient fait un plaisir de tracer les scènes les plus belles et les plus remarquables ; l'avenir n'y était pas moins présent que le passé, les actions héroïques du plus grand roi du monde remplissaient plusieurs tentures. L'on ne voyait chez elle que par la lumière des bougies ; mais il y en avait une si grande quantité, qu'elles faisaient un jour perpétuel. Tous les maîtres dont elle avait besoin pour se rendre parfaite furent conduits en ce lieu.

Quinze ans plus tard...

on l'enferma dans le carrosse sombre avec sa dame d'honneur, et ses filles d'honneur, Longue Épine et Giroflée. On a peut-être oublié que Longue Épine n'aimait point la princesse Désirée; mais elle aimait fort le prince Guerrier, car elle avait vu son portrait parlant, de sorte qu'environ à l'heure de midi, où le soleil darde ses rayons avec force, elle coupa tout d'un coup l'impériale du carrosse où elles étaient renfermées avec un grand couteau fait exprès, qu'elle avait apporté. Alors, pour la première fois, la princesse Désirée vit le jour. À peine l'eut-elle regardé et poussé un profond soupir, qu'elle se précipita du carrosse sous la forme d'une biche blanche, et se mit à courir jusqu'à la forêt prochaine où elle s'enfonça dans un lieu sombre, pour y regretter sans témoins la charmante figure qu'elle venait de perdre.

Sa première nuit de biche dans les bois...

Le prince Guerrier s'était arrêté dans la même forêt... Il passa la nuit avec ses inquiétudes ordinaires : dès que les premiers rayons du soleil eurent brillé à ses fenêtres, il se leva, et pour divertir sa tristesse, il sortit dans la forêt. Il marcha longtemps sans tenir aucune route certaine : enfin il arriva dans un lieu assez spacieux, couvert d'arbres et de mousses ; aussitôt une biche en partit. Il ne put s'empêcher de la suivre, son penchant dominant était pour la chasse : mais il n'était plus si vif depuis la passion qu'il avait dans le cœur. Malgré cela il poursuivit la pauvre biche, et de temps en temps, il lui décochait des traits qui la faisaient mourir de peur, quoiqu'elle n'en lût pas blessée : car son amie la Fée Tulipe la garantissait, et il ne fallait pas moins que la main secourable d'une fée, pour la préserver de périr sous des coups si justes. L'on n'a jamais été si lasse que l'était la princesse, l'exercice qu'elle faisait lui était bien nouveau : enfin elle se détourna à un sentier, si heureusement que le dangereux chasseur la perdit de vue. Et se trouvant lui-même extrêmement fatigué, il ne s'obstina pas à la suivre.

Le lendemain, la poursuite recommença...

mais au lieu de lui être cruel il se mit à la caresser: « Belle biche, lui disait-il, n'aie point de peur, je veux t'emmener avec moi, et que tu me suives partout.» Il coupa exprès des branches d'arbres, il les plia adroitement, il les couvrit de feuilles, d'herbes et de mousses, il y jeta des roses dont quelques buissons étaient chargés, ensuite il prit la biche entre ses bras, il appuya sa tête sur son cou et vint la coucher doucement sur ses ramées, puis il s'assit auprès d'elle, cherchant de temps en temps des herbes fines qu'il lui présentait et qu'elle mangeait dans sa main.

Le texte intégral du conte : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5805521c/

Crane_The_hind_in_the_wood
Auteur (images): Walter Crane
Auteur (bande son): Annie Lesca
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