Coralie se deguise
Dimanche matin : Ce matin, avant d'ouvrir la porte du frigidaire pour attraper la bouteille de lait de mon petit déjeuner, j'ai comme d'habitude poussé la coccinelle d'une case sur le calendrier ; catastrophe, j'ai réalisé que dans quatre jours... Oui dans QUATRE jours je suis invitée à la parade d'Halloween. Je suppose qu'il va falloir, encore une fois, faire avec les moyens du bord ; ce n'est même pas la peine d'essayer de glisser discrètement une allusion aux mirobolantes ristournes de saison dans les supermarchés, sur tous les déguisements. Allons, voyons les choses du bon côté ; l'avantage c'est que je ne risque pas de rencontrer un sosie au coin de la rue. Mais en quoi me déguiser ? comment trouver du tissu ? et les accessoires ?
Eurêka, j'ai trouvé, j'ai une idée, et rien à dépenser ; les parents vont apprécier ! Dans la grande armoire de ma chambre, sur l'étagère du haut, sont pliés plusieurs draps qui ne servent jamais ; je vais en prendre un ce soir et vous allez voir ce que vous allez voir. Les idées se bousculent dans la tête de Coralie ; le chocolat au lait est vite expédié ; elle fonce vers sa chambre, tire un grand drap blanc idéal pour se faire un péplum à la romaine, le pose sur l'épaule gauche, le passe sous le bras droit, fait un nœud, se regarde dans la glace, parfait ; de profil, on dirait une vraie patricienne de l'antiquité, il ne manque plus qu'une couronne de feuilles de laurier. Et si je le posais plutôt comme une cape sur les épaules, je serais un druide gaulois, il ne manque plus qu'une faucille à gui à découper dans du carton. En fait, ce serait peut-être mieux posé sur la tête comme un voile de mariée, il ne manque plus qu'un petit bouquet de fleurs en papier. Le drap, docile, épouse toutes les formes ; le miroir, fidèle à lui-même, renvoie ce défilé de silhouettes. Mais l'heure tourne plus vite que les idées.
Dimanche soir : Tu n'aurais pas vu ma cravate ? demande Papa en entrant dans la chambre de Coralie. Stupéfait, il découvre un petit fantôme hilare qui se pavane en poussant des hou-hou qui n'effraient personne mais ont attiré sa visite. Le collier ficelé autour de son cou ne le fait pas rire du tout et les découpages dans le drap encore moins. Désabusé face à cette incompréhension et cette injustice après de tels efforts de récupération, le fantôme d'un soir se déshabille tristement. Son enthousiasme envolé, les idées en déroute...
Lundi soir : Je savais bien que je finirais par me servir un jour de cet horrible pyjama ! N’a-t-on pas idée d’offrir une chose pareille ! En tout cas il est parfait pour l’occasion. Coralie prend soigneusement modèle sur le squelette de son livre de sciences et dessine laborieusement au blanco, tous les os, bien symétriques, les côtes, le bassin, le radius et l'humérus. Juste un accessoire de ma fabrication, et HOP ! le tour sera joué. Coralie file jusqu’au porte-manteau de l’entrée récupérer la jolie capuche amovible du bel imperméable blanc de sa maman et finalise son déguisement. Un petit coup de feutre noir pour les yeux et le nez ; deux, trois coups de ciseaux pour les dents. Grandiose ! Un vrai chef d’œuvre. Il n'y a plus qu’à essayer. EUH… Il y a comme un petit problème. Je n’avais jamais remarqué que maman avait une si grosse tête ! Zut !!! Je n'y vois plus rien ! C’est malin ! Coralie, désespérée, arrache son casque improvisé et se déshabille rageusement, tout en passant en revue les dernières possibilités qui lui viennent à l'esprit, pêle-mêle : un robot en papier aluminium ? Non, maman a prévu des papillotes ; un monstre-vampire en sopalin ? Non, c'est LE costume de l'année.
Mardi soir : Privés de télé ce soir, et je ne sais même plus pour quelle raison ; ah bien sûr que si, la cravate de Papa et la capuche de Maman ! Et voilà le résultat de l'intervention de mon petit frère, en version momie et bandelettes ; moi je ne trouve pas ça drôle du tout, il y a quand même des limites au ridicule, je n'oserai jamais m'exhiber en public dans cet accoutrement ni affronter les ricanements des copines ou des passants. Et pourquoi pas dans une poche poubelle tant que j'y suis ? ou dans un sac en toile de jute pour pommes de terre ? Vous imaginez les sarcasmes ? J'en entendrai parler jusqu'à Noël.
Mercredi soir : ♪ ♫ ♪ ♫ ♪ ♫ Tralala-lalère, Coralie, tout excitée, danse de joie ; elle a retrouvé son personnage fétiche : plusieurs coups de ciseaux dans sa robe d'été, le collant en laine vert à pois qu'elle déteste, le paréo de plage orange bien replié avec un gros nœud derrière, et surtout son immense chapeau de magicienne. Qu'en dites-vous ? Là c'est parfait pour la parade, n'est-ce pas ?
Jeudi soir (Bruit de gouttes d'eau) Coralie, effondrée, engoncée dans sa doudoune rose, bottes en caoutchouc aux pieds, s'apitoie sur son déguisement englouti et la parade annulée. Sliptch ! Splatch ! "Il pleure dans mon cœur Comme il pleut sur la ville..." Son petit frère s'impatiente et sur un ton gouailleur : Il pleure dans son cœur Comme il pleut sur la ville ??? Tes larmes vont faire tourner ma potion magique ! Bon prince, il lui redonne son parapluie arc-en-ciel et le papillon lui redonne le sourire. Allez, frangine, en route pour la collecte des bonbons !
Cette mini-BD a été créée pour tous les enfants qui débordent d'idées... et leurs parents qui les subissent. Bonnes vacances de Toussaint !
Coralie_se_deguise
Auteur (images): Cyri-L
Auteur (bande son): Cyri-L
Licence:
Ce diaporama a été produit à l'aide du logiciel Raconte-Moi d'AbulÉdu et utilise le travail de Atul Varma (sous licence cc-by) pour la partie web.
Une réponse à “Coralie se déguise”
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour publier un commentaire.
[…] En novembre, Coralie et les déguisements d’Halloween Coralie se déguise par […]