le-tailleur-et-l-elephant

Un tailleur travaillait assis, près de la fenêtre ouverte de son magasin, qui donnait sur le chemin emprunté par un éléphant en direction de la rivière où il prenait son bain quotidien et sa provision d'eau. Le tailleur était de bonne humeur et l'éléphant d'humeur aussi folâtre que lui. Il passa la trompe enroulée par la fenêtre et bouscula le couturier, Sans vouloir à mal, par pure plaisanterie.

Mais le joyeux tailleur, cet imbécile, Qui n'avait jamais amélioré ses manières ni à l'école ni à la maison, Enfonça profondément son aiguille dans la trompe, Enchanté de sa réaction brillante et futée. L'imbécile ! Que pouvait-il espérer sinon Provoquer la rage de l'animal qui d'un coup de son appendice Lui briserait son pauvre petit crâne Doublement doté de malveillance et de bêtise ?

Mais l'éléphant, plus sage que bien d'un homme, Conçut en un instant un plan bien plus intelligent ; Il tourna les talons et prit le chemin de la rivière Comme si de rien n'était. Il but un coup, puis s'enfonça dans l'eau, Plongea d'un bond puissant puis refit surface Jusqu'à ce qu'il soit complètement lavé, puis but une seconde fois Et remplit sa trompe comme une énorme citerne d'eau.

Le front chargé d'un air de profonde satisfaction, L'éléphant remonta ensuite de la rive ; Il avait le regard brillant de plaisir, le pas léger, Sûr de son bon droit en route pour sa destination ; Le balancement de sa trompe et de sa queue Gardaient le rythme, au pas cadencé, sur la piste de son tailleur. Tout sourire, celui-ci était assis à sa fenêtre, A cent lieues de prévoir ruses ou raisonnements éléphantesques. Il souriait, fier de son intelligence, Quand brusquement, comme jaillissant d'une gueule de canon...

... un jet d'eau froide le heurta et le renversa, Le fit basculer de son banc de travail comme emporté par une vague. Le tailleur essaya de ramper à terre malgré les coups Mais les flots jaillissaient sans cesse, encore et encore, Le niveau montait comme pour inonder la ville toute entière, Menaçant de noyer le pauvre tailleur de leur courroux. Seraient-ils montés d'un centimètre de plus, Rien n'aurait pu sauver la vie du tailleur. L'éléphant, dont la trompe avait provoqué ce raz-de-marée, S'adressa alors au tailleur (et comment s'en offenser ?) : "Jeunes gens, que ce soit de colère ou de dépit, Gardez-vous bien de prendre les grands pour cible de vos facéties, Sous peine de devenir la risée de tous ou même pire."

"Vous souvient-il d'un conte sur un éléphant du grand Caire ? Tandis qu'un tailleur travaillait au rez-de-chaussée, la fenêtre ouverte, un éléphant alla poser sa trompe sur sa planche, parmi ses ouvrages : le tailleur piqua avec son aiguille la trompe de l'éléphant. L'animal irrité s'en alla, avala une grande quantité d'eau, dont il vint ensuite inonder le pauvre tailleur."

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