panache-petitgris

Il était une fois un petit écureuil gris gros et gras qui s'appelait Panache Petitgris. Son nid recouvert de feuilles était installé en haut d'un grand arbre et sa petite femme s'appelait Amanda. Un jour, où il prenait le frais, il redressa son panache et se mit à rire : ''Ma chère Amanda, les noisettes sont mûres, c'est le moment de faire des provisions pour l'hiver et le printemps.''

Amanda Petitgris, qui était occupée à glisser de la mousse sous les feuilles, lui répondit : ''Notre nid est tellement douillet que nous y dormirons tout l'hiver sans ouvrir l’œil. – ''Oui, mais nous nous réveillerons encore plus maigres s'il n'y a rien de prêt pour le printemps'', lui rétorqua son prudent époux.

Quand Panache et Amanda Petitgris arrivèrent au bosquet de noisetiers, il y avait déjà d'autres écureuils qui avaient eu la même idée. Panache enleva sa veste et la suspendit à une branche et ils se mirent au travail tranquillement dans leur coin.

Ils firent plusieurs trajets par jour et ramassèrent de grandes quantités de noisettes.

Ils les transportaient dans des sacs et les déposaient dans des souches creuses près de l'arbre où ils avaient construit leur nid.

Quand les souches furent pleines, ils se mirent à vider leurs sacs dans un trou de l'arbre qui avait appartenu à un pivert : les noisettes dégringolaient à l'intérieur, tout en bas. Amanda lui dit : Mais comment allez-vous les récupérer ? C'est une véritable tire-lire ! Son époux regarda dans le trou et lui répondit : Pas de problème mon amour, je serai beaucoup plus maigre bien avant l'arrivée du printemps.

Ils avaient récupéré de grandes quantités de noisettes – ils n'en perdaient aucune ! Par opposition aux écureuils qui enterrent leurs noisettes dans le sol et en perdent plus de la moitié parce qu'ils ne retrouvent pas leurs cachettes.

Le plus étourdi de tous les écureuils s'appelait Queue d'argent. Il commença à creuser un trou, et ne se souvint plus de l'endroit. Alors il commença un second trou et trouva des noisettes ne lui appartenant pas, ce qui déclencha une bagarre. D'autres écureuils se mirent à creuser et tout le bois fut en ébullition ! Malheureusement, juste à ce moment-là, un vol d'oiseaux vint se poser de buisson en buisson à la recherche de chenilles vertes et d'araignées. Il y avait plusieurs sortes d'oiseaux, pépiant de différentes manières.

Le premier chanta : « Qui a déterré MES noisettes ? Qui a déterré MES noisettes ? » Et un autre chanta : « Petites miettes de pain et PAS DE fromage ! Petites miettes de pain et PAS DE fromage ! » Les écureuils les écoutèrent et les suivirent. Le premier oiseau plongea dans le buisson où Panache et Amanda Petitgris attachaient leurs sacs et se mit à chanter : « Qui a déterré MES noisettes ? Qui a déterré MES noisettes ? » Panache continua sa tâche sans répondre et bien sûr que le petit oiseau n'attendait pas de réponse. C'était la musique de son chant naturel et pas des mots.

Mais les autres écureuils en l'entendant chanter se précipitèrent sur Panache, l'attrapèrent, le griffèrent et chavirèrent son sac de noisettes. Le pauvre petit innocent qui avait provoqué cette catastrophe, s'échappa affolé ! Panache roula encore et encore, puis s'échappa et s'élança vers son nid suivi par une flopée d'écureuils criant : « Qui a déterré MES noisettes ? Qui a déterré MES noisettes ? »

Ils finirent par le rattraper et le hissèrent jusqu'au trou du pivert et le poussèrent dedans. Mais le trou était beaucoup trop petit pour Panache. Sans pitié, ils l'enfoncèrent au risque de lui casser les côtes. Queue d'argent s'écria : « On va le laisser là jusqu'à ce qu'il confesse ! » et il se mit à crier dans le trou : « Qui a déterré MES noisettes ? Qui a déterré MES noisettes ? »

Panache ne répondit rien. Il avait dégringolé jusqu'au fond du trou, sur un lit de (ses) noisettes. Assommé, il resta immobile.

Pendant ce temps, Amanda avait ramassé les sacs et elle était rentrée. Elle prépara une tasse de thé pour Panache mais elle attendit en vain, il ne rentra pas. Elle passa une nuit solitaire et bien malheureuse. Le lendemain matin, elle repartit le chercher au bois de noisetiers mais les autres écureuils, méchamment, la chassèrent de là. Elle erra à travers le bois en l'appelant : « Panache Petitgris ! Panache Petitgris ! Oh, où est donc passé mon Panache Petitgris ? »

De son côté, Panache avait repris connaissance et se retrouva bien bordé dans un petit lit de mousse, dans le noir, moulu et fendu. Il avait l'impression d'être sous terre. Il se mit à tousser et à grogner parce qu'il souffrait des côtes. Il entendit un bruit joyeux : c'était un petit écureuil rayé (tamia) avec une lampe de poche qui lui demanda si ça allait mieux ?

Il fut très gentil pour Panache, il lui prêta sa lampe de poche et sa maison était pleine de provisions. L'écureuil rayé expliqua à Panache Petitgris qu'il avait reçu une avalanche de noisettes et se mit à rire quand il entendit l'histoire de Panache Petitgris. Tout le temps où Panache Petitgris dut rester allongé, il lui porta de quoi manger en quantité. « Mais comment vais-je sortir de là si je ne suis pas un régime ? Et ma femme doit être très inquiète. » « Juste une ou deux noisettes de plus ; laissez-moi casser les coquilles. » Si bien que Panache Petitgris grossit de plus en plus !

De son côté, Amanda Petitgris s'était remise au travail, seule. Elle ne continua pas à remplir le trou du pivert car elle se demandait bien comment elle pourrait les récupérer. Elle les cacha sous une racine de leur arbre. Elles craquaient en s'enfonçant encore et encore. Un jour où Amanda vidait un sac particulièrement chargé, il y eut un petit couinement...

... et pour le sac suivant, un petit écureuil rayé en sortit à toute vitesse. --"Mon rez-de-chaussée est plein, ma salle à manger est pleine et les noisettes bouchent le passage. Mon époux m'a abandonnée ; pourquoi cette avalanche de noisettes ?" -- " Je vous demande bien pardon, Je ne savais pas que quelqu'un habitait là. Mais où est parti votre époux ? Le mien aussi m'a abandonnée." -- "Je sais où se trouve mon mari, un petit oiseau me l'a dit", lui répondit le petit écureuil.

Elle la conduisit jusqu'au trou du pivert et elles écoutèrent. Tout en bas, il y avait un bruit de casse-noix et deux voix chantaient ensemble, celle d'un gros écureuil et celle d'une petit écureuil : -- "Mon petit homme et moi nous sommes tombés Comment le faire savoir ? -- Débrouillez-vous de votre mieux pour le faire savoir Et vous serez sauvé, petit homme".

-- "Vous pourriez vous faufiler à l'intérieur par ce trou, lui dit Amanda Petitgris." --"Oui, je pourrais, mais mon mari mord." Au fond du trou, il y eut un bruit de coquilles cassées et de grignotage et les deux voix se remirent à chanter : "Pour le jour du diddlum...

Amanda Petitgris regarda par le trou et appela : -- "Panache Petitgris, Honte à vous !" Panache Petitgris l'appela à son tour : -- "Amanda, c'est vous !" -- "Mais oui, en personne." Il remonta le long du tronc et embrassa sa femme par le trou mais il était tellement gros qu'il ne pouvait sortir. Le tamia était tout menu mais il refusa de sortir et resta en bas en ricanant.

Et ça continua comme ça pendant presque un mois. Mais un jour une tempête arracha le sommet de l'arbre, ouvrit le trou et laissa entrer la pluie. Alors Panache Petitgris put sortir du trou et rentra chez lui avec un parapluie.

Par contre le tamia continua à camper une semaine de plus malgré l'inconfort de la situation.

Mais un jour un ours énorme entra dans le bois. Peut-être cherchait-il aussi des noisettes ; il avait l'air de renifler un peu partout.

Croquet H se précipita chez lui et quand il arriva...

... il se rendit compte qu'il avait attrapé un rhume de cerveau et il se sentit vraiment mal.

Depuis ce jour, Panache et Amanda Petitgris ont mis un cadenas à leur magasin de noisettes.

... et chaque fois que le petit oiseau voit les Tamias et qu'il se met à chanter : "Qui a déterré MES noisettes ? Qui a déterré MES noisettes ?" plus personne ne lui répond.

C'était un des nombreux contes où Beatrix Potter fait parler ses animaux familiers. "Timmy Tiptoes" est devenu très prosaïquement Panache Petitgris en français mais ses mésaventures n'ont pas perdu leur vivacité. Et merci aux écureuils dont l'étourderie hivernale nous procure en forêt tant de pousses inattendues au printemps.

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Ce diaporama a été produit à l'aide du logiciel Raconte-Moi d'AbulÉdu et utilise le travail de Atul Varma (sous licence cc-by) pour la partie web.




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